Quan Fa 拳法
Gong Fu (Kung Fu)
功夫
Wu Shu
武術

 

Historique

Le Quan Fa ("méthodes du poing"), qui désigne ce que l'on nomme souvent la "boxe chinoise", appartient avec le Qin Na (l'art des saisies) et le Shuai Jiao (la lutte chinoise) aux Wu Shu ("arts martiaux"), terme moderne utilisé en Chine pour désigner l'ensemble des arts martiaux chinois. On fait classiquement la distinction entre les styles "internes" (Neijia) ou "souples" de Quan Fa, axés sur le développement de l'énergie interne ou "qi", et les styles "externes" (Waijia) ou "durs", qui reposent sur l'utilisation de la force physique. Le terme Gong Fu (Kung-Fu, "développement humain") est parfois utilisé en Occident pour désigner, à tort, les Quan Fa, et plus particulièrement les styles externes.

Les Chinois connaissent l'art de la guerre depuis des temps immémoriaux ; on trouve mention dès -2674 d'un certain Chiao Ti, grâce auquel l'empereur Huang Ti put remporter une grande bataille. Il faut attendre cependant l'ère chrétienne pour trouver des traces de méthodes de combat individuelles, qui apparaissent sous les noms divers de Shang Pu, Shou Pu, Pai Chang, Shuai Go... Pratiquées par l'aristocratie, elles s'imprégnèrent peu à peu des conceptions philosophiques du taoïsme de Lao Tzeu.

Le premier style de Quanfa réellement codifié semble être le Chang Shou ("main longue"), fondé par le général Kouo Yi (Kwok Yee) sous la dynastie des Han (23-220 ap. J.-C.). Plus tard, le médecin légendaire Hua Tuo (190-265) créa le Wu Qin Xi ou "jeu des cinq animaux", une méthode inspirée des mouvements du daim, du tigre, du singe, de l'ours et de la grue. S'il s'agissait vraisemblablement moins de réelles techniques martiales que d'une gymnastique médicinale, on peut néanmoins y voir les prémisses des styles internes.

Lorqu'au 6e siècle le moine indien Bodhidharma (Da Mo en chinois) se rendit en Chine, il s'installa au monastère de Shaolin du Henan, et après être resté neuf ans (de 520 à 529) en méditation face à un mur il se mit à enseigner aux moines le bouddhisme Mahayana, que les chinois nommèrent Chan (Zen en japonais). Trouvant les moines dans une condition physique déplorable, il leur apprit également une série de 18 mouvements, les Shih Pa Lo Han Shou ou "18 mains des arhat" ; on les dit à l'origine des méthodes de Quan Fa qui se développèrent à Shaolin, même s'il ne s'agissait sans doute, comme le Wu Qin Xi, que de techniques de santé.

A la fin du 12e siècle, le taoïste Zhang Sanfeng créa, selon la légende, le Wudang Pai ou "école du mont Wudang" après avoir assisté au combat d'un oiseau et d'un serpent. A l'instar du Shaolin Pai, cette école fut à l'origine du développement de nombreuses méthodes de combat imprégnées de philosophie taoïste. Bodhidharma et Zhang Sanfeng peuvent être considérés, plus encore que Hua Tuo, comme les véritables initiateurs des styles internes. Le général Yueh Fei (1103-1142), le fondateur du Yueh San Shou (les "trois mains de Yue"), contribua également à leur développement.

Les méthodes externes trouvent leur origine dans le travail de recherche et de synthèse qu'effectua au 16e siècle Chueh Yuan (Kwok Yuen), un moine de Shaolin, qui désirait voir le monastère renouer avec sa gloire d'antan. Des siècles après le départ de Bodhidharma, l'école de Shaolin avait en effet subi la rude concurrence du Wudang Pai, et des méthodes de Yueh Fei. Chueh Yuan retrouva dans un premier temps 72 ou 77 techniques antiques (qui avaient peut-être bénéficié d'apports mongols), puis se rendit dans le sud de la Chine où il rencontra deux experts, Pai Yufeng (Pak Yook Fong) et Li Chieng. Avec eux il élabora un système composé de 5 styles (tigre, serpent, léopard, grue, dragon) qu'il retourna enseigner aux moines du temple de Shaolin du Henan. Ceux-ci acquirent dès lors une réputation d'invincibilité, et firent connaître le nom de Shaolin dans toute la Chine.

Depuis cette époque on oppose souvent les styles externes d'inspiration bouddhiste, issus du Shaolin Pai, aux méthodes internes taoïstes qu'on dit dérivées, à tort, du Wudang Pai. Les premiers se seraient surtout diffusés parmi les gens du peuple par voie orale, alors que les principes des seconds, plus hermétiques, reposaient sur des écrits de lettrés de la dynastie Qing (Wang Zhengnan Muzhiming, Taiji Quan Pu, Neijia Quanta, Changshi Wuji, Chenshi Taiji Quan Tushuo...).

Le début du 20e siècle vit le déclin des arts martiaux en Chine. Les Boxeurs, des partisans du retour au pouvoir de la dynastie Ming, furent vaincus en 1901 malgré leur maîtrise des Quan Fa. S'étant montrés peu performant face aux armes à feu modernes, ces derniers tombèrent peu à peu dans l'oubli, voire le mépris, dans les années de guerres civiles qui suivirent. Les Mandchous qui avaient repris le contrôle du pays avaient d'ailleurs pris soin de fermer les académies militaires, jugées trop dangereuse. Les Quan Fa restèrent néanmoins pratiqués dans le cadre strict de deux associations, l'Institut Central de Boxe Nationale et de Culture Physique, et l'Association de Boxe Chinoise.

Avec l'avènement de la République Populaire de Chine en 1949, le gouvernement communiste voulut faire des arts martiaux chinois ou Wu Shu, comme on les nommait dorénavant, un sport national moderne, outil au service du développement physique et moral du peuple. Les formes et méthodes d'entraînement traditionnelles, jugées dépassées, furent abandonnées, au profit de formes obligatoires élaborées en adéquation avec les exigences de la compétition. L'accent fut mis sur la force athlétique, l'acrobatie, la vitesse d'exécution, la complexité des mouvements et la beauté du geste, le but premier n'étant plus martial mais thérapeutique et esthétique. Le Wu Shu fut introduit dans le programme d'éducation physique des écoles dans les années 1950, et en 1958 l'Association de Wu Shu de Chine fut créée à Beijing.

De nos jours, les exercices imposés en compétition sportive sont le Changquan, le Nanquan et le Taijiquan, ainsi que les formes armées (épée droite, épée à deux tranchants, bâton, lance, épée du Taiji et épée du sud). A côté des formes ou daolu (enchaînements pré-arrangés) s'est développée une forme de combat total, le Sanshou.

Le renouveau des arts martiaux chinois traditionnels se fit hors de Chine, et commença avec l'ouverture en 1909 par Huo Yuanjia de l'école Jingwu, à Shanghai. Les guerres civiles poussèrent de nombreux Chinois à émigrer aux Etats-Unis d'Amérique, en Europe, à Hong Kong, à Singapour, à Taïwan, etc. Cette diaspora permit une large diffusion des arts martiaux chinois traditionnels à l'étranger, où ils rencontrèrent un intérêt certain qui assura leur pérennité.

Hua Tuo

Yueh Fei

Zhang Sanfeng

 

Styles

Note 1 : Les deux dialectes les plus courants en Chine sont le mandarin (au nord) et le cantonais (au sud). La transcription officielle Pinyin du mandarin ayant supplanté l'ancienne transcription Wade, le Pinyin est donc utilisé dans cet article pour orthographier le nom des styles originaires des régions où le mandarin prédomine, l'équivalent en Wade étant éventuellement mis entre parenthèse et italique (ou apparait par défaut quand la transcription Pinyin n'est pas connue). Les noms des styles d'origine cantonaise sont transcris d'une ou deux façons (il n'existe pas de transcription officielle du cantonais) et suivis de leur équivalent en mandarin. Voici quelques équivalences (dans l'ordre : mandarin pinyin ; mandarin wade ; cantonais) :

Note 2 : On fait référence à un style en ajoutant généralement à la fin de son nom les mots Quan ("boxe" ou "poing"), Men ("porte", "voie") ou encore Pai ("école", "secte"). On parle ainsi indifféremment de Piguaquan ou de Piguamen, de Bok Hok Kuen ou de Bok Hok Pai...

Voici une liste non exhaustive de styles de Quan Fa, classés par ordre alphabétique :

Retour au haut de page
Retour à Doc